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Alternatives à la castration à vif des porcelets

Depuis le 01 janvier 2022, la France interdit la castration à vif des porcelets. Avant cette date, plus de 80% des porcelets étaient castrés, majoritairement sans prise en charge de la douleur du fait de contraintes techniques et économiques. Dans ce contexte, en 2021, l’association LIT OUESTEREL, avec le concours de la Chambre d’Agriculture de Bretagne, a exploré des alternatives à la castration à vif des porcelets.

POurquoi la castration est-elle pratiquée en élevage porcin ?

Castrer les animaux permet de faciliter l’élevage mais également d’obtenir une qualité de viande adaptée aux attentes des consommateurs. Cette pratique est donc un élément structurant de la production porcine française, puisque son impact s’étend de l’élevage à la commercialisation, en passant par l’abattage et la transformation de la viande porcine produite. Changer une pratique aussi impactante pour l’ensemble de la filière suppose donc de pouvoir en discuter avec l’ensemble des maillons, du producteur au consommateur. À l’aube du changement de réglementation, sans être non plus un sujet qui fâche, il n’en reste pas moins délicat d’avoir un dialogue ouvert et serein sur ce sujet.

C’est pourquoi, sous la coordination de Morgane Leroux, cheffe de projet, et avec le concours de la Chambre d’Agriculture de Bretagne, l’Association LIT OUESTEREL a mené en 2021 une opération de co-construction impliquant éleveurs, abattoirs, charcutiers, distributeurs, consommateurs et chercheurs spécialistes du bien-être animal. L’objectif ? Partager les avantages et contraintes des alternatives connues et identifier des pistes d’amélioration pour faciliter leur mise en œuvre. Le tout dans un cadre propice à l’écoute mutuelle.

PLACE AU DIALOGUE ENTRE ACTEURS DE LA CHAÎNE DE VALEUR

À l’initiative de l’association LIT OUESTEREL, et avec le concours de la Chambre d’Agriculture de Bretagne, une vingtaine de professionnels de la filière porcine, de l’élevage à la commercialisation, se sont réunis régulièrement entre juin et novembre 2021 sur le territoire de la communauté de communes du Kreiz Breizh (CCKB). Ce fut autant l’occasion de partager leurs problématiques respectives liées au changement de réglementation. Les rencontres se sont déroulées selon une méthodologie favorisant l’objectivation des arguments, l’écoute mutuelle, et la canalisation des efforts collectifs vers la résolution des problématiques.

SIX PROBLÉMATIQUES IDENTIFIÉES, VINGT PISTES D’ACTION POUR Y RÉPONDRE.

De ce travail de concertation, 6 problématiques en sont ressorties, ainsi que des hypothèses prospectives dans lesquelles elles pourraient s’insérer. Pour résoudre ces problématiques, les participants ont imaginé ensemble 15 pistes d’actions, qui peuvent être mises en œuvre à différentes échelles, par tout acteur intéressé. Ces pistes d’actions sont partagées dans les documents ci-dessous. Parmi ces pistes, l’Association LIT OUESTEREL et ses membres en ont retenu 4, qui ont été travaillées durant l’année 2022.

PASSER À L’ACTION

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Eureden, l’IFIP et ONIRIS élaborent un nouveau protocole de castration des porcelets expand_more

En 2021, Eureden, IFIP et ONIRIS ont testé 5 modalités de prises en charge de la douleur lors de la castration des porcelets. Ces modalités ont été testées en station expérimentale et en élevage commerciaux. Pour chaque essai, ont été suivi 7 indicateurs (intensité des cris, mouvements, temps de castration, saignements, taux de cortisol, comportement post-castration et GMQ castration-sevrage). Ces essais ont permis de consolider l’un des protocoles officiels. Pour plus d’information, rendez-vous sur le site d’IFIP.

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L’association LIT OUESTEREL traque les bonnes pratiques pour la conduite de mâles entiers expand_more

L’association LIT OUESTEREL a développé une méthodologie spécifique de « traque » aux innovations. Cette méthode consiste à aller à la rencontre d’éleveurs et à identifier dans la littérature des pratiques favorisant une conduite sereine de mâles entiers. Nous partageons ainsi, pour l’instant,9 innovations :

  • L’utilisation de bloc à lécher pour distraire les porcs
  • La diffusion de phéromones pour apaiser les porcs
  • L’utilisation de lumières spécifiques
  • Le contrôle du stress par enregistrement vocal
  • Différents outils d’analyse et de contrôle en temps réel du comportement des animaux
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Le Verre Fluoré développe un dispositif de détection des carcasses odorantes expand_more

Le Verre Fluoré est une entreprise spécialisée dans la fabrication de verre et fibres de fluorure. En 2021, elle a mis au point et testé en conditions contrôlées (sur des échantillons) un dispositif de détection et quantification des principales hormones responsable de l’odeur de verrat. L’entreprise est en train de tester en conditions réelles ce dispositif tout en conduisant des développements pour améliorer l’ergonomie et la production du dispositif. Pour en savoir plus, vous pouvez contacter directement l’entreprise.

 

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L’association LIT OUESTEREL conduit une étude sur l’acceptabilité de l’immunocastration expand_more

L’immunocastration des porcelets est une pratique très peu utilisée (2,6% des porcs en 2023). Afin d’en comprendre les raisons, une enquête a été réalisée par le LIT OUESTEREL auprès de 61 professionnels de la filière porcine française (éleveurs, abatteurs, transformateurs, distributeurs, etc.). Celle-ci a révélé que l’incertitude quant à la réaction des consommateurs en était la principale explication.

Le LIT OUESTEREL a donc lancé une nouvelle étude, en partenariat avec l’IFIP et INRAE, pour recueillir la perception actuelle de l’immunocastration par les consommateurs français et, par extension, leur acceptabilité à consommer de la viande porcine issue de cette méthode de castration. A cette fin, 297 français ont répondu à une série de questions dans le cadre d’un sondage publié en ligne entre les mois de juin et novembre 2022.

Il ressort de cette enquête une méconnaissance des consommateurs interrogés quant à la notion d’immunocastration, près de 95% d’entre eux n’en n’ayant jamais entendu parler. Instinctivement, aidés par l’étymologie du terme, les répondants comprennent qu’il s’agit ici d’une injection faisant réagir le système immunitaire de façon à rendre l’animal stérile. Mais ils s’avèrent plus partagés quant à la nature du produit injecté pour y parvenir : la majorité penche pour l’injection de produits chimiques, tandis que d’autres y voient plutôt celle d’hormones ou bien d’anticorps.

Spontanément, 9 % des répondants se déclarent tout-à-fait prêts à acheter ce type de produit. La majorité se montre hésitante, avec 76 % de réponses « pourquoi pas » et « pas vraiment » ; les autres sont réfractaires (15 % de réponses « pas du tout »).

Après leur avoir donné une explication succincte de cette méthode, les réponses évoluent. Au total, 59 % des consommateurs se déclarent alors plus favorables à la consommation de viande porcine immunocastrée (en sommant toutes les réponses qui passent à un niveau d’acceptabilité supérieur par rapport à la question précédente), 35 % n’ont pas changé d’avis et 7 % se sont déclarés moins favorables après l’explication.

Quoiqu’il en soit, 77 % des consommateurs interrogés déclarent souhaiter savoir si la viande achetée provient d’un porc immunocastré. Mais pour 8 consommateurs sur 10, cette information n’est pas demandée dans le but de modifier leur acte d’achat, mais plutôt dans celui d’avoir la pleine connaissance du produit acheté afin de contrôler au mieux leur alimentation. Pour accéder à cette information, 84 % d’entre eux proposent l’ajout d’une mention sur l’étiquetage.

Les résultats de cette étude laissent donc supposer une bonne acceptabilité de la viande de porcs immunocastrés par les consommateurs français, dès lors qu’ils ont compris en quoi cette méthode consistait. En déterminant comment le faire efficacement, certaines réticences de la filière porcine pour développer cette pratique pourraient donc être levées.

09/11/2023